Dubaï, la ruée vert l'art
Elle devient une plaque tournante !
Tout voyageur qui débarque à l’aéroport de Dubaï ne peut manquer l’immense affiche : « Dubaï, the centre of now ». Dubaï, le nouveau centre du monde, en proie à la fièvre de la consommation, au clinquant occidental, tout en exaltant la couleur locale d’un folklore bédouin qui tend à n’être plus qu’une attraction.
Le laboratoire de l’avenir
Navigation dans le désert guidée par les étoiles, nuits sous la tente bordées de silence, longues traversées nomades à dos de chameau, fraternité des méharées ont cédé la place aux randonnées en 4 × 4 climatisés, aux palaces dans les oasis.
Dubaï se présente comme le laboratoire de l’avenir. Cet émirat s’en donne les moyens. Au pied de ce qui est encore pour quelques mois la plus grande tour du monde, (Burj Khalifa, 829 mètres, près de deux fois et demie la hauteur de la tour Eiffel), Dubaï vient d’inaugurer son opéra pour damer le pion à celui de Mascate, la capitale du sultanat d’Oman où les mélomanes du Golfe avaient leurs habitudes.
Un vaisseau de verre en forme de boutre, d’une capacité modulable de 2000 places. Les baignoires ressemblent à des canots de sauvetage, le plafond à des vagues et les parois ouvragés, entrelacs de fer, à des filets de pêche.
Dans la course à la puissance régionale, le Qatar voisin annonce la construction d’un édifice plus élevé (1 000 mètres). Dubaï a réagi en demandant à l’architecte espagnol Santiago Calatrava de monter encore plus haut. Les fondations de sa tour qui culminera à 1 200 mètres viennent d’être posées. Et Dubaï prend date avec son Musée du futur, construit au printemps dernier en dix-sept jours, premier bâtiment au monde sorti d’une imprimante 3D…
Pêcheurs de perles et vendeurs d’or
Comme il semble loin le temps des pêcheurs de perles dont le musée de Dubaï rappelle que, avec le commerce de l’or, ils représentaient l’activité principale de cet émirat qui émerge du désert. Avec les premières prospections de pétrole dans les années 1960, tout est allé très vite. La perspective de l’Exposition universelle de 2020 accélère ce mouvement impressionnant.
Les Émirats arabes unis ont fêté, le 2 décembre 2016, le 45eanniversaire de leur alliance. La prospérité tient à la volonté de la famille régnante, les Al Nahyane d’Abou Dhabi, et surtout au patriarche visionnaire, cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyane, décédé en 2004, dont le portrait s’affiche partout et qui demeure la figure tutélaire.
Dubaï agit comme un aimant irrésistible. Son explosion économique se vérifie par la transformation accélérée de la ville où les chantiers de gratte-ciel se multiplient, le gigantisme des malls, centres commerciaux sans limites qui abritent, au milieu des boutiques de luxe, aquarium géant, piste de ski…

Burj Khalifa, la plus haute tour de Dubaï. / Ahmed Jadallah/Reuters
Sa population, composée à 90 % d’étrangers, est hétérogène. On y croise en permanence les austères abayas de femmes tout en noir qui avancent, portable à l’oreille, dans le sillage d’un chef de famille en gandoura immaculée, suivis par une palanquée d’enfants, au milieu d’autres femmes occidentalisées, venues du monde entier, qui s’affichent en jupes légères, bras nus et chevelure libre.
Depuis quelques années, un nouveau front s’est ouvert, en relation avec le niveau de vie élevé. Valoriser la culture est aujourd’hui une sorte d’ardente obligation pour cette mégalopole cherchant à retenir des expatriés séduits par des contrats mirobolants mais qui ne s’attardaient guère dans cet eldorado artificiel, au climat éprouvant où la température peut dépasser 50 °C. L’offre hôtelière pléthorique et de grand luxe, qui monte en puissance et en caractère démesuré, confirme l’ambition de devenir la première destination touristique au monde.
Dubaï veut rayonner, attirer, retenir. Inaugurant l’opéra fin août, le vice-président, premier ministre des émirats arabes unis et gouverneur de Dubaï, cheikh Mohammed Ben Rachid AlMaktoum, a tenu à redire que « la promotion de la culture a toujours été présente dans nos plans de développement et dans notre vision pour l’avenir ».
70 galeries et « design space »,
Dubaï cherche à s’affirmer avec des concerts réguliers de musiciens arabes et occidentaux, un festival annuel du cinéma, et Art Fair Dubaï, le grand rassemblement international d’art contemporain. En dix ans, parti de presque rien, on compte aujourd’hui 70 galeries et « design space », réparties entre les traditionnelles au DIFC, le centre financier, et les avant-gardistes sur Alserkal Avenue. Une zone industrielle dans le quartier périphérique d’Al Quoz où un mécène avisé, Abdelmonem Ben Eisa Alserkal, a investi en 2008 de vastes entrepôts pour les transformer en « hub de l’art », avec un théâtre, un cinéma, restaurants et boutiques bio destinés à réunir et fédérer une communauté d’amateurs.
« Cette prolifération, signe d’une ville entreprenante qui bouge très vite, marque le début de son décollage culturel », commente Sybel Vazquez, de la galerie Third Line, spécialisée dans l’art du Moyen-Orient. « Les créateurs des pays alentour, aux régimes instables, ravagés par les guerres, ont besoin de refuges comme ici, » souligne Valérie Didier Hess, la directrice de Christie’s Dubaï.
Isabelle van den Eynde, qui a ouvert une galerie à son nom, a observé plusieurs phases. « D’abord, l’effervescence spéculative sur l’art contemporain, brisée par la crise financière de 2008 qui a calmé la folie locale et assaini le secteur, raconte-t-elle. Puis l’installation de Christie’s et le lancement d’Art Fair ont déclenché un dynamisme local très excitant. Tout est à construire. »
Un public mal défini
L’un des défricheurs d’Alserkal Avenue, le Français Guillaume Cuiry, de la Galerie nationale, tempère : « La demande vient surtout des Européens expatriés qui disposent d’excellents salaires. Ils ne paient ni impôts, ni TVA et ont tendance maintenant à rester plus longtemps. La troisième génération de Dubaïotes voyage beaucoup, étudie à l’étranger. Ses goûts évoluent mais on voudrait qu’elle rattrape trois siècles d’histoire de l’art en quinze ans. Laissons le temps au temps. »
Un autre Français, Stéphane Custot, déjà présent à Londres, New York et Paris, vient lui aussi de s’installer. Malgré la chute des prix du pétrole qui modifient les prévisions, il mise sur la patience, la curiosité, l’ouverture de plusieurs musées pour donner de la consistance à la demande.
Venu du Royal Albert Hall de Londres, Jasper Hope, directeur général de l’Opéra de Dubaï, admet qu’il cherche ses marques pour contenter un public dont il a encore du mal à définir le profil et les centres d’intérêt. « En Europe, vous avez partout des théâtres, des opéras, des cinémas, issus d’une longue tradition esthétique. Ici, tout est neuf. »Isaure Bouriez, directrice des ventes et du marketing de la Galerie Custot, reconnaît qu’au-delà de la grosse clientèle européenne, aller chercher des acheteurs locaux réclame un vrai travail de réseau et d’éducation.
A LIRE : De 2005 à septembre 2015, le Louvre Abou Dhabi
Christie’s protège près de 500 œuvres dans la « free zone » près de l’aéroport. Cet automne, Sotheby’s a ouvert un bureau à Dubaï. Et récemment, le Design Art District, a surgi du sable, prèsde Dubaï South, le nouveau quartier du futur, profilé pour recevoir un million d’habitants.
L’ouverture, plusieurs fois repoussée, du Louvre Abou Dhabi, en 2017, et la perspective d’une antenne du Guggenheim dans l’émirat voisin, distant de 160 km,relié par une autoroute en ligne droite, sont de nature à soutenir le marché. Même si la gestion du projet Louvre demeure, vu de Dubaï, chaotique et passablement brumeuse.
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Une croissance stupéfiante
Première ville et premier port des Émirats arabes unis, dont la capitale est Abou Dhabi, Dubaï est située sur le Golfe persique. Carrefour commercial et point de passage depuis le VIIe siècle entre l’Irak et Oman, Dubaï est passé en quelques décennies du statut de modeste port de pêcheurs à celui de mégalopole. Son ascension économique est stupéfiante, sa progression démographique affolante : 40 000 habitants en 1960 ; 3 millions en 2015, 14 millions de touristes par an et 25 millions attendus pour l’Exposition Universelle de 2020. Dubaï est à sept heures de vol de la France, desservi par de nombreuses compagnies dont la compagnie locale Emirates.
Art Dubai, la plus importante foire d'art contemporain du Moyen-Orient, a ouvert ses portes mercredi avec une place de choix pour les artistes d'Afrique de l'Ouest. 75 galeries de 30 pays, dont des maisons françaises et américaines, représentant 500 artistes, participent à cette 7e édition d'Art Dubai.
Si la moitié des artistes viennent des pays du Moyen-Orient et du sous-continent indien, la foire consacre, cette année, un pavillon spécial au thème des "villes en évolution" en Afrique de l'ouest, avec des galeries du Nigeria, du Cameroun, du Mali, du Ghana et du Sénégal.
"Dubai s'impose comme un centre international de l'art (..) nous offrons une fenêtre sur une scène artistique régionale très fertile", a déclaré Antonia
Carver, directrice de la foire. Parmi les oeuvres d'avant-garde exposées figurent des toiles de la Japonaise Yayoi Kusama, présentées pour la première fois dans la région.
Images intégrées
© Art Dubai 2013
La présence des artistes syriens
Des artistes syriens exposent des oeuvres inspirées du conflit sanglant qui déchire leur pays depuis deux ans. Parmi eux, Ammar al-Beik présente un triptyque intitulé "la guillotine", qui symbolise selon lui "la nécessité d'une solution radicale pour en finir avec les responsables" du régime syrien. Selon Delphine Leccas, de la galerie Atassi de Damas, "beaucoup d'artistes ont quitté la Syrie, des galeries ont fermé et d'autres ont transféré leurs collections hors du pays".
En 2012, les ventes d'Art Dubai ont atteint 40 millions de dollars. En 2012, quatre oeuvres, dont deux inspirées du Printemps arabe, ont été retirées par la censure.
Dubaï, qui se veut un pôle culturel dans le Golfe, avait annoncé en 2012 qu'il allait se doter d'un musée d'art moderne et d'un opéra, premiers projets annoncés depuis la crise qui a secoué en 2009 l'émirat surendetté.
Art Dubai, la plus importante foire d'art contemporain du Moyen-Orient, a ouvert ses portes mercredi avec une place de choix pour les artistes d'Afrique de l'Ouest. 75 galeries de 30 pays, dont des maisons françaises et américaines, représentant 500 artistes, participent à cette 7e édition d'Art Dubai.
Si la moitié des artistes viennent des pays du Moyen-Orient et du sous-continent indien, la foire consacre, cette année, un pavillon spécial au thème des "villes en évolution" en Afrique de l'ouest, avec des galeries du Nigeria, du Cameroun, du Mali, du Ghana et du Sénégal.
"Dubai s'impose comme un centre international de l'art (..) nous offrons une fenêtre sur une scène artistique régionale très fertile", a déclaré Antonia
Carver, directrice de la foire. Parmi les oeuvres d'avant-garde exposées figurent des toiles de la Japonaise Yayoi Kusama, présentées pour la première fois dans la région.
Images intégrées
© Art Dubai 2013
La présence des artistes syriens
Des artistes syriens exposent des oeuvres inspirées du conflit sanglant qui déchire leur pays depuis deux ans. Parmi eux, Ammar al-Beik présente un triptyque intitulé "la guillotine", qui symbolise selon lui "la nécessité d'une solution radicale pour en finir avec les responsables" du régime syrien. Selon Delphine Leccas, de la galerie Atassi de Damas, "beaucoup d'artistes ont quitté la Syrie, des galeries ont fermé et d'autres ont transféré leurs collections hors du pays".
En 2012, les ventes d'Art Dubai ont atteint 40 millions de dollars. En 2012, quatre oeuvres, dont deux inspirées du Printemps arabe, ont été retirées par la censure.
Dubaï, qui se veut un pôle culturel dans le Golfe, avait annoncé en 2012 qu'il allait se doter d'un musée d'art moderne et d'un opéra, premiers projets annoncés depuis la crise qui a secoué en 2009 l'émirat surendetté.
Amateurs d'expos, Art Dubai vous parait déjà loin ? Une petite piqûre de rappel s'impose...
Dubai se positionne aujourd'hui comme une véritable plateforme de l'Art au Moyen-Orient, avec une réelle volonté de promouvoir ses talents à travers le globe : peinture, sculpture, design, dans un registre traditionnel ou contemporain, il y en a pour tous les goûts.
Nous avons listé les principales galeries d’art présentes à Dubai : à consommer sans modération… surtout avec l’arrivée des grandes chaleurs !
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