Une Écrivaine anglaise Doris May Lessing ()()()
En 1995, âgée de 76 ans, elle visite l'Afrique du Sud afin de voir sa fille, ses petits-enfants et de promouvoir son autobiographie. Au début des années 2000, elle s'en prend pour la première fois brutalement au régime de Mugabe. Elle est alors de nouveau déclarée « indésirable » au Zimbabwe.
En 2001, lors d'une conférence au Festival du Livre d'Édimbourg, elle se livre à une violente charge contre les féministes qui l'avaient pourtant célébrée des années plus tôt. Elle les qualifie de « femmes devenues horribles avec les hommes »[]. Ainsi, selon elle « après avoir fait une révolution, beaucoup de femmes se sont fourvoyées, n'ont en fait rien compris. Par dogmatisme. Par absence d'analyse historique. Par renoncement à la pensée. Par manque dramatique d'humour ».
Auteur d'une œuvre considérable de près d'une soixantaine de titres comprenant des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais, des récits autobiographiques et des témoignages, Doris Lessing fascine autant par la variété des sujets qu'elle aborde que par la diversité des genres dans lesquels elle s'illustre. L'écrivain a toujours refusé de se laisser enfermer dans des carcans intellectuels ou politiques et occupe une place de premier ordre dans la littérature britannique contemporaine où elle apparaît comme le témoin privilégié de son époque. Instance morale de son vivant, elle pointe du doigt la société actuelle et scrute sans relâche ses excès, ses dysfonctionnements et ses dérives aussi bien éthiques et idéologiques que politiques.
Le , elle se voit attribuer, à presque 88 ans, le prix Nobel de littérature. Elle devient ainsi la onzième femme et l'écrivain le plus âgé à recevoir cet honneur. Souvent citée, depuis les années 1970, sur les listes de l'Académie suédoise où elle faisait figure de favorite avant d'en disparaître, Doris Lessing faisait ses courses au moment de l'annonce de son couronnement et fut prévenue par la masse de journalistes qui s'était ameutée devant son domicil. Elle a alors immédiatement comparé la récompense à une « quinte flush » puis a fait preuve d'humour en déclarant : « Ils ont pensé, là-bas les Suédois : celle-là a dépassé la date de péremption, elle n'en a plus pour longtemps. Allez, on peut le lui donner ! ».
Le secrétaire perpétuel de l'Académie de Stockholm a expliqué en parallèle : « Elle est un sujet de débats entre nous depuis un certain temps et aujourd'hui c'était le bon moment. Je pense pouvoir dire que dans toute l'histoire du prix, c'est la décision qui a été la plus soigneusement pesée. ». Quelques jours plus tard, Lessing présente son prix comme une « malédiction » : « Tout ce que je fais depuis, c'est donner des interviews et me faire prendre en photo. ».
Peu de temps après, elle crée une polémique en déclarant à El Pais au sujet des attentats du 11 septembre 2001 : « Ça a été terrible, mais si on se repasse l'histoire de l'IRA, ce qui est arrivé aux États-Unis n'a pas été aussi terrible que ça. ».
Pour raison de santé, l'auteur ne se rend pas en Suède pour recevoir le Nobel mais enregistre une vidéo de remerciements dans laquelle elle définit l'importance du livre et la place des conteurs dans la civilisation et les sociétés modernes qu'elle estime être les « championnes de l'ironie et du cynisme. ».
Le , l'agent littéraire et ami de Doris Lessing, Jonathan Clowes, annonce publiquement son décès, à Londres, à l'âge de 94 ans.
Féministes «horribles avec les hommes»
On l'aura compris, l'Afrique, le colonialisme et la cause féministe sont les trois grands thèmes de cette ½uvre qui comprend aussi des ouvrages de science-fiction (la série Canopus in Argo, écrite entre 1979 et 1983), des recueils d'essais et de poèmes. À chaque sortie de livre, Doris Lessing désarçonne la critique, suscite la polémique par ses déclarations. Pourtant, cette femme engagée refusa toujours de se laisser cataloguer. «Je déteste cette étiquette qu'on me colle volontiers dans le dos. Je suis un écrivain, c'est tout. Et je n'appartiens à aucun camp. J'aime trop la vérité!» martelait-elle dans la presse. En 2001, au Festival du livre d'Édimbourg, la vieille dame suscita l'émoi en déclarant que les féministes étaient devenues «horribles avec les hommes ( ) constamment humiliés et insultés par des femmes stupides, ignorantes et méchantes».
Refusant d'être anoblie par la reine, elle accepta pourtant de recevoir le prix Nobel de littérature, qui lui fut décerné le 11 octobre 2007. Elle prit la distinction, décernée sur le tard (elle avait presque 88 ans), avec humour: «Ils ont pensé, là-bas, les Suédois: celle-là a dépassé la date de péremption, et elle n'en a plus pour longtemps. Allez, on peut le lui donner !» Quelques jours plus tard, elle créait la polémique en déclarant, dans El Pais, à propos des attentats terroristes du 11 septembre 2001: «Ça a été terrible, mais si on se repasse l'histoire de l'IRA, ce qui est arrivé aux États-Unis n'a pas été aussi terrible que ça.»
Le 28 novembre 2007, l'Académie suédoise annonçait que la lauréate ne pourrait se rendre à Stockholm recevoir son prix, pour raison de santé. Son discours, préenregistré, fut retransmis le 7 décembre. Et cette fois, pas de provocation mais une magnifique causerie sur la place du livre et le rôle des conteurs dans nos sociétés championnes «de l'ironie et du cynisme» et dans les sociétés les plus pauvres, notamment l'Afrique.