Les Premières Femmes qui se distinguent §§§
Elles se sont illustrées pour être les premières.
Cette synthèse de l'avancée des femmes aux fonctions, activités et métiers en France recense les premières femmes étant parvenues à exercer des fonctions politiques, juridiques, sociales, artistiques, culturelles ou sportives ou à avoir reçu une distinction importante, depuis la fin du xixe siècle, dans des activités ou distinctions anciennement réservées aux hommes.
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L’Organisation des Nations Unies nous propose ce 11 février de réfléchir aux femmes et aux filles de science. Le sujet est vaste, mais il recoupe celui que nous traitons ici. En effet, si Joseph Fourier n’a jamais manifesté, à notre connaissance, aucune velléité de partager sa vie avec une femme, il a su entretenir avec celles qu’il a rencontrées des rapports basés sur une estime mutuelle, qu’il s’agisse de Sitty-Nefiçah, l’épouse de Mourad-Bey, ou de Sophie Germain. Sophie Germain, dont le lecteur pourra chercher par ailleurs une biographie plus détaillée avait engagé, en 1804, sous le pseudonyme d’Antoine Auguste Le Blanc, une correspondance scientifique avec Joseph-Louis Lagrange. En 1816, ses travaux sur l’élasticité des corps la conduisent à s’opposer à Siméon Denis Poisson tenant d’une interprétation moléculaire des vibrations d’une membrane et à entrer en relation avec Joseph Fourier. C’est grâce à l’appui de Joseph Fourier qu’elle devient la première femme (hormis les femmes des membres) autorisée à assister aux séances de l’Institut.
Mais, ce sont surtout les méthodes de calcul que Joseph Fourier a développées dans sa Théorie de la Chaleur qui vont permettre à quelques femmes de science de s’illustrer brillamment.
Kathleen Lonsdale (1903-1971) est l’une des deux premières femmes à être admises à la Royal Society en 1945. Elle est une des pionnières dans l’utilisation des rayons X pour étudier les cristaux et à ouvrir la voie à l’utilisation des Transformées de Fourier en cristallographie.
Dorothy Hodgkin (1910-1994) : Elle a reçu le prix Nobel de chimie de 1964 « pour sa détermination par des techniques aux rayons X des structures de substances biochimiques importantes ». Pour situer sa place dans l’Analyse optique, on pourra consulter la page du Mathouriste.
Rosalind Franklin (1920-1958) est LA découvreuse de la double hélice de l’ADN, es clichés d’ADN obtenus par diffraction des rayons X de Rosalind Franklin sont déterminants dans la découverte de la structure à double hélice de l’ADN. Elle était en compétition avec Crick qui en avait obtenu l’image de Transformée de Fourier.
Plus proche de nous encore, Ingrid Daubechies(1954-…), a mis en évidence une famille d’ondelettes, outils modernes issus de l’Analyse de Fourier, ouvrant son domaine d’études à applications comme l’imagerie médicale, la détection des ondes gravitationnelles, le cinéma numérique, le codage numérique. Son travail le plus connu est la construction d’ondelettes à support compact en 1988. Son nom a été donné aux ondelettes de Daubechies, utilisées dans le standard JPEG 2000. Elle est nommée baronne par le Roi des Belges en 2014.
Ajoutons, pour faire bonne mesure, Ada Lovelace (1815-1852), qui proposait de faire effectuer à la machine de Babbage, par la manipulation formelle de séries trigonométriques, les volumineux calculs d’Astronomie, encore qu’entre Lovelace et Fourier l’un n’a pas eu connaissance des travaux de l’autre et réciproquement.
. Les premiers varient en fonction du critère quantitatif. Les dictionnaires biographiques comportent des dizaines voire des centaines de notices, telles les 559 du Dictionnaire historique, littéraire et bibliographique des Françaises et des étrangères naturalisées en France connues par leurs écrits, ou par la protection qu’elles ont accordée aux gens de lettres de Fortunée Briquet. Les recueils en comptent quelques dizaines, tels ceux de Stéphanie de Genlis (1811) De l’influence des femmes sur la littérature française, comme protectrices des lettres et comme auteurs, ou Précis de l’histoire des femmes françaises les plus célèbres qui comporte 74 notices ou encore celui dû à Adélaïde Dufrénoy (1816) Biographie des jeunes demoiselles ou vies des femmes célèbres depuis les Hébreux jusqu’à nos jours qui en compte 150. Les biographies sont, quant à elles, centrées autour d’un unique personnage. Les ouvrages thématiques s’organisent autour du sujet « histoire des (de la) femme(s) » ou bien associent des thèmes à ce sujet (politique, économique, social, culturel, intellectuel).
Le long terme de l’étude montre que l’histoire des femmes ne s’est pas écrite de la même manière durant la période considérée. Premier indice, les différents types d’écrits permettent, en effet, d’identifier deux époques. La première se situe entre le début du siècle et les années 1860 ; elle se caractérise par l’importance des recueils et dictionnaires biographiques : une quinzaine sont alors publiés proposant des notices biographiques plus ou moins étoffées. Ce type d’ouvrages assure durant plusieurs décennies une très riche représentation historique des femmes : y figurent des femmes de pouvoir, de savoir et de religion, des héroïnes [16]. Dans le domaine du pouvoir, sont représentées, à travers toutes les aires et les périodes, des reines, épouses de roi, mères, filles, sœurs, amantes, cousines des souverains : des femmes, depuis la sphère royale jusqu’aux rangs de la petite noblesse, qui ont exercé le pouvoir ou ont été proches de lui et influentes. La variété est également grande dans le domaine des lettres et des arts où sont évoquées des femmes de lettres, poétesses, philosophes, des scientifiques (physiciennes, mathématiciennes, astronomes…), des théologiennes, des artistes (peintres et musiciennes pour la plupart) ainsi que des femmes ayant exercé des activités professionnelles reposant sur un savoir : médecins, professeures, avocates, etc. Le groupe des héroïnes recoupe celui du pouvoir. Beaucoup sont femmes royales, nobles, mais il comporte également des roturières. Toutes sont signalées pour avoir manié les armes, défendu un territoire, un château, ou tout autre espace, ayant dirigé des armées ou déployé de la violence. Les thématiques du courage et de la mort sont très présentes.
Vers le milieu du xixe siècle, le champ de la représentation se trouve transformé par la quasi disparition de ces ouvrages de biographies collectives. Tout un pan d’histoire des femmes disparaît avec eux : des centaines de personnages féminins de toutes les époques dont la mémoire a été actualisée pendant cette première moitié de siècle par l’écriture historique sortent du champ de la représentation. Le déclin des ouvrages de biographies collectives marque le début d’une nouvelle période qui commence dans les années 1860 et se poursuit jusqu’à la fin de l’entre-deux guerres. Des biographies individuelles et des ouvrages thématiques constituent alors l’essentiel des écrits. Des projets de dictionnaire ou d’encyclopédie demeurent, notamment dans la première moitié du xxe siècle ; cependant leur ambition d’embrasser l’ensemble des temps historiques rend leur réalisation utopique [17]. Durant cette seconde période, des thèses de doctorat en droit et lettres sont soutenues sur le sujet « femme(s) » ; ces dernières dans une perspective historique, sociologique, littéraire [18].
À la variation des types d’écrits correspondent des variations dans les représentations. La quasi disparition des dictionnaires et recueils entraîne celle des représentations de femmes de savoir et femmes militaires ; le domaine du pouvoir politique devient prépondérant, tandis que la variété chronologique et spatiale s’affaiblit pour un recadrage sur l’espace français et la période moderne. Les périodes, ancienne et médiévale, ne sont pratiquement plus abordées. Si le pouvoir politique constitue un sujet de premier plan, les auteures ont néanmoins ressenti des difficultés à l’aborder. Les nouvelles exigences historiographiques qui émergent à partir du milieu du xixe siècle sont à l’origine de ces difficultés rencontrées par l’écriture de l’histoire des femmes. Les sources sont peu nombreuses et celles émanant de l’État mettent au contraire en évidence l’absence ou la faible présence des femmes dans la sphère du pouvoir. Les travaux, essentiellement réalisés à partir de mémoires et correspondances, portent sur des femmes ayant été à côté du pouvoir en tant que mères, épouses, maîtresses, filles, sœurs, cousines de souverains. Par ailleurs, certaines des femmes ayant eu et exercé le pouvoir en France traînent des réputations tellement mauvaises qu’elles peuvent difficilement être érigées en modèle – Blanche de Castille, étant à ce titre, une exception. Les auteures peinent donc à représenter le pouvoir des personnages féminins ; cette représentation était plus aisée au temps des dictionnaires et recueils qui embrassaient des espaces et des temps étendus, composés de notices courtes rédigées sans recours aux sources.
Dans un autre registre – qui n’est pas sans lien – cette seconde moitié du xixe siècle voit quelques auteures solliciter l’histoire chrétienne comme cadre pour l’histoire des femmes. Le personnage de Marie incarne la fin d’une période de très forte domination masculine ; cette représentation inaugure un temps d’évolution positive et quasi continue, une nouvelle ère marquée par une plus grande égalité entre les sexes [19].
Dans l’entre-deux guerres, les écrits se font plus offensifs. À côté des représentations de femmes de pouvoir ou proches du pouvoir, émergent celles du féminisme. Plusieurs auteures lui « créent » une histoire, cherchant les origines du mouvement dans les différentes périodes historiques. Alice de Payer les identifie au temps de la Fronde (1922), Edmée Charrier les cherche dans l’antiquité (1931). C’est aussi durant les années vingt et trente que sont soutenues des thèses de doctorat. Plusieurs d’entre elles privilégient la longue durée (plusieurs siècles voire plusieurs millénaires) qui permettent aux auteures de construire des trames historiques et des évolutions. Paradoxalement, ces constructions historiques ne trouvent pas place au sein des thèses portant sur des sujets strictement historiques – dont le temps d’étude ne dépasse guère le temps d’une vie – mais sont développées par des thèses de droit et de sociologie.
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